La maladie de Scheuermann a été décrite pour la première fois par Holger Scheuermann en 1920. Elle se distingue cliniquement et radiologiquement de la cyphose fonctionnelle, qui est liée à une mauvaise posture. Dans la cyphose de Scheuermann, les vertèbres subissent une déformation développementale : la partie antérieure du corps vertébral se développe moins rapidement que la partie postérieure, créant une forme en coin. Ce type de cyphose est la forme la plus fréquente de cyphose, touchant 0,4 % à 8,3 % des individus, principalement entre 12 et 15 ans, avec une prévalence légèrement plus élevée chez les garçons (ratio 2:1). Elle survient typiquement pendant la croissance rapide de l’adolescence.
Le diagnostic de la cyphose de type Scheuermann se fait à la fois sur le plan clinique et radiologique.
Examen clinique
- Posture relâchée, avec des épaules tombantes et en rotation interne.
- Raideur de la colonne vertébrale.
- Bosse dorsale visible lors du test de flexion (test d’Adam).
- Incapacité à étendre activement le dos pendant le test de flexion.
- Tension fréquente des muscles ischio-jambiers.
- Souvent, une augmentation de la lordose lombaire et une protraction de la tête.
- Douleurs présentes dans 20 à 60 % des cas.
Examen radiologique
- Angle de Cobb supérieur à 45 degrés, mesuré entre les vertèbres T3 et T12 (bien que certains cas puissent présenter un angle inférieur à 45 degrés).
- Déformation en coin d’au moins trois vertèbres consécutives, chaque vertèbre présentant une déformation d’au moins 5 degrés.
- Altérations des plaques terminales des vertèbres.
- Nœuds de Schmorl (protrusion du noyau pulpeux dans les corps vertébraux spongieux).
- Réduction des espaces intervertébraux.
Diagnostic différentiel
Il est important de distinguer la cyphose de type Scheuermann de la cyphose fonctionnelle. Cette dernière est principalement due à une mauvaise posture et ne présente pas les mêmes caractéristiques vertébrales, telles que les déformations en coin ou les nœuds de Schmorl. En outre, la cyphose fonctionnelle est souvent plus flexible, tandis que la cyphose de Scheuermann se manifeste par une raideur marquée de la colonne vertébrale.
Types de cyphose de Scheuermann
- Cyphose thoracique (Type I) : C’est le type le plus fréquent, où la vertèbre apicale se situe généralement entre T7 et T9.
- Cyphose thoraco-lombaire (Type II) : Ici, la vertèbre apicale se situe entre T10 et T12.
- Cyphose lombaire : Dans cette forme, les vertèbres lombaires présentent les déformations typiques et des nœuds de Schmorl peuvent être observés dans cette région.
Traitement
Le traitement de la cyphose de type Scheuermann est principalement conservateur. Il inclut le port d’un corset et des exercices spécifiques. Contrairement à la scoliose, dont l’évolution est bien étudiée, la progression naturelle de la cyphose de Scheuermann est moins bien comprise. Cependant, il est largement admis que l’utilisation du corset est efficace pour corriger la courbure. La Scoliosis Research Society (SRS) recommande le corset pour les enfants dont l’angle de Cobb est compris entre 55 et 80 degrés, avec un score de Risser entre 0 et 3, indiquant que la croissance n’est pas terminée.
Si la détection est précoce et que la déformation est modérée, un programme d’exercices spécifiques peut suffire à éviter le corset. Lorsqu’il est nécessaire, le corset est porté entre 16 et 22 heures par jour pendant environ deux ans. Le but du traitement par corset est de corriger la déformation en coin des vertèbres et de favoriser la croissance dans une posture correcte, tant que la croissance est active.
Exercices spécifiques
Les exercices spécifiques pour la cyphose de type Scheuermann se concentrent sur l’extension active de la colonne vertébrale, la correction posturale, le renforcement musculaire dans une position correcte, et l’étirement des structures musculo-squelettiques contractées. À la différence des exercices recommandés pour la cyphose fonctionnelle, comme les abdominaux classiques et le renforcement dorsal, les exercices pour la cyphose de Scheuermann doivent être plus ciblés et adaptés à la raideur de la colonne vertébrale.
Intervention chirurgicale
La chirurgie est rare et réservée aux cas extrêmes où les traitements conservateurs échouent ou ne sont pas bien suivis. L’intervention chirurgicale la plus courante est la fusion vertébrale postérieure, parfois combinée avec une ostéotomie postérieure de Smith-Peterson pour corriger la raideur sévère de la colonne vertébrale.